Les pourcentages présentés dans les études les plus récentes ne sont pas très impressionnants : 5 à 10 % des élèves en âge de scolarité souffrent d’un trouble spécifique des apprentissages. Rapportés à la population scolaire (en Communauté française), ils le deviennent : de 50 000 à 100 000 enfants, ados, jeunes adultes en sont victimes sur un bon million d’élèves (fondamental, secondaire, supérieur, alternance).
Les chiffres pourraient être plus prononcés : dans certains pays, où le dépistage et le diagnostic sont mieux organisés, les recherches parlent de pourcentages allant de 10 à 15 % de la population scolaire. Une problématique qui, par son ampleur, ses conséquences sur les enfants et les questions d’équité qu’elle soulève, fait passer pour une peccadille les problèmes liés au décret inscriptions.
Malgré ce constat, il n’existe aucune statistique précise sur le nombre d’élèves souffrant d’un trouble spécifique des apprentissages. Seuls tableaux dans lesquels ils sont dûment comptabilisés : ceux provenant des indicateurs de l’enseignement, à la rubrique « enseignement de type 8 ». Une section de l’enseignement fondamental spécialisé créée en 1970 à leur intention.
« Pour la rentrée 2009-2010, il y en avait 6 100, explique Jean-François Delsarte, au cabinet de la ministre Simonet. Ce groupe est le plus important de l’enseignement fondamental spécialisé. »
Perdus dans l’enseignement ordinaire
6 100 élèves répertoriés, sur au moins 50 000. On est loin du compte. Ou sont-ils, les 43 900 restants ? Où suivent-ils leurs études ? Comment sont-ils accompagnés ?
« Des recherches menées par le professeur Philippe Tremblay, de l’ULB, montrent deux choses, répond Jean-François Delsarte. La première, c’est que les élèves arrivent en type 8 souvent trop tard, vers 8 ou 9 ans. La deuxième : parmi ces élèves, il y a une sur-représentation d’élèves défavorisés. »
Conclusions : une grosse majorité des élèves souffrant d’un trouble spécifique des apprentissages se trouve dans l’enseignement ordinaire. Où ils redoublent, ou peinent à avancer. Et quand ils y arrivent, c’est grâce aux heures de logopédie, de kiné, de psy que des parents plus aisés savent leur payer.
« En théorie, des dépistages sont prévus, mais… »
À l’INAMI, le travail demanderait d’ailleurs des jours de boulot pour faire le tri dans les prescriptions des professionnels du secteur. Des chiffres qui, là encore, seraient de toute façon incomplets. La raison ?
« Il n’y a pas de dépistage systématique de ce type de trouble, observe Jean-François Delsarte. Pourtant, certains sont décelables dès 6 ans, voire même avant. »
Pas de dépistages systématiques… En théorie, ces derniers sont pourtant prévus dès la 3° maternelle, de façon à détecter d’éventuels signes précoces.
« C’est un problème de moyens, explique Eleni Grammaticos, présidente de l’Apeda (*). Cela coûte cher – il faut payer un personnel spécialisé – et en plus les centres PMS sont déjà débordés. »